Requis de services en matière de traitement des troubles liés à l’usage d’opioïdes sur l’Île de Montréal

La population ayant un trouble lié à l’utilisation d’opioïdes sur l’Île de Montréal est estimée à 5000 personnes. Au printemps 2016, le Cran a mandaté Michel Perreault, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, pour l’évaluation du requis de services pour la clientèle ayant des troubles liés à l’utilisation d’opioïdes sur l’Île de Montréal. 

Une consultation effectuée auprès des médecins et des centres spécialisés permet d’estimer qu’au cours de l’année précédant l’automne 2016, le taux de desserte pour les usagers résidant à Montréal était de 44%.

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Lignes directrices nationales sur le traitement des agonistes des opioïdes de l’Initiative canadienne de recherche sur l’abus de substances (ICRAS)

À l’automne 2019, l’initiative canadienne de recherche en abus de substance (ICRAS) a publié des lignes directrices nationales ainsi qu’un guide d’orientation opérationnelle pour le traitement par agonistes opioïdes injectables du trouble lié à l’usage d’opioïdes. Simultanément, les chercheurs responsables ont aussi publié un article dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ).

Les auteurs mettent en lumière les risques associés à la poursuite de l’injection chez les patients pour lesquels les traitement oraux conventionnels ne sont pas efficaces, la pertinence du traitement injectable pour les patients réfractaires aux traitements conventionnels et l’importance de décisions thérapeutiques conjointes en collaboration avec le patient.

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Santé Canada approuve de nouvelles options de traitement des troubles liés à l’usage d’opioïdes

Au printemps 2019, Santé Canada a approuvé l’utilisation de l’hydromorphone injectable pour le traitement du trouble d’usage d’opioïdes et la diacétylmorphine (héroïne pharmaceutique) a été ajoutée à la Liste des drogues utilisées pour des besoins urgents en matière de santé publique

Dans un communiqué de presse, Santé Canada indique que :

« les données probantes montrent clairement que ces médicaments peuvent aider à stabiliser et à améliorer la santé de certains patients, notamment en augmentant leur rétention dans les programmes de traitement. »

Rappelons que les lignes directrices de Santé Canada sur les injections de l’hydromorphone indiquent qu’elles doivent être administrées sous la surveillance d’un médecin chevronné en traitement de troubles graves d’usage d’opioïdes et formé en thérapie d’opioïdes agonistes injectables selon les exigences et directives générales des provinces et des territoires, selon le cas.

>> Consulter le communiqué de presse Le gouvernement du Canada approuve de nouvelles options de traitement des troubles liés à l’usage d’opioïdes et appuie des projets de recherche de traitement et de réduction des méfaits en Ontario


Évaluation des besoins montréalais pour la mise en place d’un programme de traitement des troubles d’usage d’opioïdes basé sur l’injection (TAOi)

Au printemps 2017, le CRAN a mandaté l’équipe de Michel Perreault, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, pour réaliser une évaluation des besoins montréalais pour la mise en place d’un programme de traitement des troubles d’usage d’opioïdes basé sur l’injection (TAOi). Le rapport vise à documenter les pratiques courantes pour un traitement de TAO injectable, à évaluer les préférences des usagers montréalais quant à ce type de traitement et à estimer le nombre de patients montréalais qui pourraient être référés vers ce traitement.

À cet effet, une recension d’écrits sur les pratiques courantes du TAOi a été réalisée. De plus, des consultations auprès d’usagers à Montréal et auprès d’informateurs clés ont été menées. Enfin, des données ont été recueillies auprès de médecins prescripteurs et de centres spécialisés montréalais afin d’estimer le nombre d’usagers qui pourraient bénéficier du TAOi. L’équipe de recherche et le comité de travail sur le TAO injectable recommandent la poursuite de l’étude de faisabilité. 

Deux documents de référence accessibles en ligne à connaître

Les deux documents de référence présentés dans ce billet concernent l’administration du traitement par agonistes opioïdes injectable sont présentement accessibles en ligne et servent de support à l’étude de faisabilité pour l’implantation du TAOi au Québec.

Ces documents s’inscrivent dans un cadre professionnel et législatif différent de celui du Québec et les informations s’y trouvant peuvent être considérées à titre indicatif.

Manuel Traitement avec prescription d’héroïne (OFSP, 2001)

Le manuel, développé en 2001 et modifié en 2004, a pour objectif général de faciliter la planification, l’implantation et la gestion de centres de traitement avec prescription d’héroïne. 

Le manuel comprend huit chapitres portant sur les orientations cliniques, structurelles, organisationnelles et légales d’un centre de traitement avec prescription d’héroïne ainsi que des modèles de protocoles et des coordonnées de références.

Chaque chapitre comprend trois sections: les exigences auxquelles les institutions doivent se conformer, les instructions basées sur des données scientifiquement établies et les informations complémentaires pour la pratique.

>> Consulter le document en ligne : https://www.bag.admin.ch/dam/bag/fr/

Guidance for Injectable Opioid Agonist Treatment for Opioid Use Disorder (BCCSU, 2017)

Le guide du BBCSU (2017) est un document d’orientation créé dans le but d’offrir un cadre pour le traitement par agonistes opioïdes injectable en Colombie-Britannique. 

Le guide se divise en deux sections principales. La première présente un aperçu des données probantes sur le TAOi, les modèles potentiels de soins, les exigences opérationnelles ainsi que des indications pour l’implantation. La seconde propose des recommandations pour la pratique clinique basée à la fois sur les informations de la littérature et les considérations de l’expérience terrain. 

>> Consulter le document en ligne : http://www.bccsu.ca/wp-content/uploads/2017/10/BC-iOAT-Guidelines-10.2017.pdf

10 choses à savoir sur le traitement par agonistes opioïdes injectables (TAOI)

1. Historique

Depuis 1994, des essais cliniques randomisés ont été réalisés dans six pays (Allemagne, Angleterre, Canada, Espagne, Pays-Bas et Suisse). En 2012, on comptait déjà plus de 50 cliniques de TAOi en Europe et en Colombie-Britannique. Depuis, le TAOi a été aussi implanté en Ontario et en Alberta.

2. Efficacité

L’efficacité du TAOi a été démontrée dans le cadre d’essais contrôlés randomisés en termes de rétention, de diminution de la criminalité et de diminution de la consommation de drogues de rue.

3. Population cible

Les critères d’admission s’articulent généralement autour de la nature chronique du trouble d’usage d’opioïdes, d’une réponse insatisfaisante aux traitements conventionnels, de l’altération de la santé physique ou mentale ou du fonctionnement social.

4. Médicaments

L’hydromorphone ou la diacétylmorphine sont auto-administrées par injection et une co-prescription de traitement oral est proposée avec la dernière dose de la journée afin d’éviter les symptômes de sevrages.

5. Administration des doses

Le traitement implique deux ou trois visites par jour pour l’administration de doses sous supervision médicale. Avant et après l’injection, les signes d’intoxication sont évalués (ex.: Échelle de Pasero).

6. Dosage et titration

Des protocoles de dosage et titration sont disponibles dans le Guide sur le TAOi du British Columbia Center on Substance Use (BCCSU) http://www.bccsu.ca/wp-content/uploads/2017/10/BC-iOAT-Guidelines-10.2017.pdf

Des protocoles révisés seront publiés bientôt dans le cadre d’un guide canadien réalisé par l’Initiative canadienne de recherche sur l’abus de substances (ICRAS).

7. Formation

Une formation en ligne sur le TAOi est disponible sur le site de l’Université de la Colombie-Britannique (https://ubccpd.ca/course/provincial-opioid-addiction-treatment-support-program). D’autres formations et prérequis sont recommandés dans le Guide du BCCSU accessible en ligne (ex. : intervention en cas de surdose, expérience préalable en TAO).

8. Organisation des services

Plusieurs modèles d’organisation des services dans plusieurs milieux de soins primaires et spécialisés sont documentés dans la littérature. La majorité des modèles documentés proposent une gamme étendue de services connexes (ex.: services médicaux et psychosociaux) offerts par une équipe interdisciplinaire afin de répondre aux multiples besoins de la clientèle. 

9. Étapes d’implantation d’un programme

Des étapes d’implantation d’un programme de TAOi sont proposées dans le Guide sur le TAOi du BCCSU http://www.bccsu.ca/wp-content/uploads/2017/10/BC-iOAT-Guidelines-10.2017.pdf

10. Étude de faisabilité pour l’implantation du TAOi au Québec

Une étude de faisabilité est en cours pour l’implantation du TAOi au Québec. Des collectes d’informations auprès de programmes existants, d’experts du TAO et d’informateurs-clés sont en cours afin de produire un guide visant à soutenir l’implantation du traitement en conformité avec les normes de pratiques professionnelles en vigueur au Québec.

Fiche d’information sur le TAOi

Une proportion significative des personnes aux prises avec un trouble sévère d’utilisation d’opioïdes n’est pas attirées ou retenues par les traitements de substitution conventionnels de méthadone et de buprénorphine (1, 2).

Modalités

La prescription d’opioïdes injectables pour le traitement du trouble d’usage d’opioïdes constitue un traitement très structuré de deuxième ligne pouvant être envisagé pour les patients qui ne répondent pas aux traitements conventionnels. Le traitement implique deux ou trois visites par jours pour l’administration de doses sous supervision médicale (3, 4).

Efficacité

Depuis 1994, des essais cliniques randomisés réalisés dans six pays ont démontré l’efficacité d’un traitement de diacétylmorphine (héroïne pharmaceutique) injectable pour les patients qui ne répondent pas aux traitements conventionnels, entre autres en termes de rétention, de réduction de la consommation d’héroïne et de diminution de la criminalité (2, 4, 5). Les résultats de l’étude canadienne SALOME démontrent que l’hydromorphone injectable est aussi efficace que la diacétylmorphine injectable pour cette population1.

Critères d’admission en traitement

Selon les programmes, les critères s’articulent autour d’un âge minimum (entre 18 et 25 ans), de la nature chronique du trouble d’usage d’opioïdes et d’une réponse insatisfaisante aux traitements basés sur la substitution ou sur l’abstinence. Dans plusieurs cas, l’altération de la santé physique ou mentale ou du fonctionnement social sont aussi des critères d’admission (6).

Références:

  1. Oviedo-Joekes, E., Guh, D., Brissette, S., Marchand, K., MacDonald, S., Lock, K., . Schechter, M. T. (2016). Hydromorphone Compared With Diacetylmorphine for Long-term Opioid Dependence: A Randomized Clinical Trial. JAMA Psychiatry, 73(5), 447-455.
  2. Strang, J., Groshkova, T., & Metrebian, N. (2012). New heAroin-assisted treatment: Recent evidence and current practices of supervised injectable heroin treatment in Europe and beyond. En ligne. http://www.emcdda.europa.eu/system/files/publications/690/Heroin_Insight_335259.pdf
  3. Bell, J. (2014). Pharmacological maintenance treatments of opiate addiction. Br J Clin Pharmacol, 77(2), 253-263.
  4. Demaret, I., Lemaître, A. & Ansseau, M. (2010). L’efficacité du traitement assisté par diacétylmorphine (héroïne pharmaceutique) à l’étranger. Rev Med Liège, 65(12): 681-687.
  5. Ferri, M., Davoli, M., & Perucci, C. A. (2010). Heroin maintenance for chronic heroin-dependent individuals. Cochrane Database Syst Rev(8).
  6. Perreault, M. et Archambault, L. 2017. Sommaire de l’évaluation des besoins montréalais pour la mise en place d’un programme de traitement des troubles liés à l’usage d’opioïdes basé sur l’injection (TDO injectable). En ligne. http://cran.qc.ca/sites/default/files/sommaire_tdo_injectable.pdf
  7. Perreault. M., Archambault, L., & Blouin, C. (2017). Évaluation des besoins montréalais pour la mise en place d’un programme de traitement des troubles liés à l’usage d’opioïdes basé sur l’njection (TDO injectable).